Les francs-archers

Les francs-archers ont été institués par l'acte du 28 avril 1448. Un corps d'environ 8.000 combattants est alors créé sur la base d'un homme pour 50 feux. La franchise de taille dont ils bénéficient leur vaut le nom de francs-archers. Cette mesure ne constitue pas une totale nouveauté. Dans de nombreuses villes du royaume, depuis le milieu du 14ème siècle de tels régimes existaient. Ils permettaient aux cités de disposer de gens de trait aussi bien pour assurer leur propre défense que pour répondre à l'occasion aux demandes du roi. L'ordonnance de 1448 systématise ce principe sur une grande partie du territoire

En 1466, après la Guerre du Bien Public, une nouvelle ordonnance développe considérablement les francs-archers et complète leur organisation. Leur nombre passe à 16.000, répartis en 32 bandes, sous le commandement de quatre capitaines généraux. En plus des habituels archers et arbalétriers, se trouvent à présent parmi eux des vougiers, des lanciers (ou piquiers) et parfois des couleuvriniers. Leur équipement fait également l'objet de nouvelles et précises prescriptions.

A partir de cette date, les francs-archers participent à toutes les opérations des armées royales. Au surplus, ils sont parfois employés par leur paroisse pour des missions ponctuelles de guet et de protection de la communauté.

Cependant, à aucun moment, les francs-archers ne s'illustrent réellement sur les différents champs de bataille. Ce serait peut être beaucoup exiger d'un corps non-permanent. Pire, en de nombreuses reprises, apparaissent des difficultés d'organisation et de discipline. De nouvelles ordonnances tenteront, sans grand succès, d'y remédier (en particulier, en 1474 et en 1475).
Les montres sont fréquemment l'occasion de pillages, entre autres débordements. Les soldes tardant souvent à être versées, de nombreux francs-archers se livrent à la mendicité, vendent ou gagent leur équipement.
En 1469, les Etats de Normandie se plaignent des graves excedz, pilleries et maléfices commis et perpétuez par les gens de guerre, francs-archers et autres. Les exemples en ce sens abondent, jusqu'à l'épisode de Guinegatte, le 7 août 1479, où les francs-archers abandonnent le champs de bataille pour se livrer au saccage du camp de Maximilien. Des milliers d'entre eux y seront massacrés.

En cest an, le roy, advertiz des pilleries et griefz que faisoient les francs archiers au pays, ordonna qu'il n'y en auroit plus, nous dit la Chronique d'Anjou.

Plus que leurs insuccès militaires, se sont donc sans doute le comportement des francs-archers envers les populations et leur coût qui conduisit à leur suppression en 1480.
Les plus mauvaises de bandes de francs-archers furent alors dissoutes tandis que les autres venaient abonder les bandes d'infanterie du camp de guerre récemment constituées.

Longtemps après leur disparition du paysage militaire, les francs-archers firent l'objet de railleries, du Franc Archer de Bagnolet au Franctopinus De re Militaris de Pantagruel.


(Juillet 2004)


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Le Chevalier Délibéré, Paris 1488